#10 - Dubaï-Oman, grand écart au coeur du Moyen-Orient.

Emirat de Dubaï, Sultanat d'Oman. Existe-t-il deux autres territoires frontaliers aussi opposés l'un de l'autre sur le globe ? Une semaine au cœur de cette zone du Moyen-Orient nous a permis de découvrir deux pays géographiquement proches mais radicalement différents. L'un, puissant, développé, en expansion depuis plusieurs décennies et haut lieu du business mondial : Dubaï. L'autre, plus traditionnel, naturel, protégé mais bien déterminé à accélérer son développement : Oman.

2 pays, 4 sites, 8 jours et près de 2000 km pour s'imprégner de ce que le Moyen-Orient a, peut être, de plus beau à offrir.

"Si la perception du bonheur repose sur la complexe alchimie d'une multitude de paramètres incontrôlables, il est donc nécessaire de se connaître du mieux possible. L'aventure devient alors une sorte d'isolement, de redécouverte de soi, un retour à l'essentiel. Et c'est finalement de cela dont il s'agit puisque ce roadtrip à la découverte d'Oman et de Dubaï nous a permis de capter ces moments simples et insignifiants qui forgent le bonheur. Le voyage pour meilleure adresse du monde."

 

                                                                                                                  Trst B.

Dubaï, ilot de building les pieds dans le sable.

Voir le désert, ses dunes, une route s'enfuir vers l'horizon puis disparaitre. Tourner la tête et faire face à d'immenses buildings fraichement sortis du sable. Certains d'ailleurs, pudiques, refuseront de vous laisser voir leur cime perdue dans le ciel d'un bleu pur. Telle est la vision que peut vous offrir Dubaï à peine arrivé dans cette cité encore futuriste qui s'amuse d'entretenir cette réputation. La première étape d'un roadtrip au coeur du Moyen-Orient est déjà corsée en terme de dépaysement.

Dubaï c'est à la fois une ville et le nom d'un des sept émirats qui constituent les Emirats Arabes Unis (EAU). Historiquement, Dubaï, petit port de pêche, jouit d'une localisation parfaite entre l'Orient et l'Occident, raison pour laquelle le commerce s'y est développé. Rapidement au cours du XXème siècle, ses ressources pétrolières et gazières vont lui permettre de partir à la conquête d'un développement dont il continue de repousser quotidiennement les limites. Son objectif désormais : devenir la place mondiale du tourisme de luxe, du business, et de la démesure tous secteurs confondus. Pas moins.

C'est donc forts de ces quelques éléments de contexte que nous sommes partis découvrir quelques jours cette pépite faite de sable et de béton.

Comme dans chaque destination les incontournables nous tendent les bras mais ceux ci n'ont rien de commun avec ce que nous pouvons connaître. Là-bas, c'est d'abord le Burj Khalifa, building le plus haut du monde culminant à 829m soit 2,5 Tour Eiffel empilées. La finesse de ses traits contraste avec le gigantisme de la structure. Là-bas, c'est ensuite le Dubaï Mall, centre commercial le plus grand du monde et qui serait devenu aussi le lieu touristique le plus visité de la planète. Un aquarium parmi l'un des plus grand du monde, une patinoire olympique, un authentique squelette de diplodocus vieux de 155 millions d'années, voici ce qu'on peut y trouver. Bref, qu'on soit pro ou anti centre commerciaux, peu importe, cela mérite d'être vu.

Situé face au golfe Persique, Dubaï vous offre aussi la possibilité de venir vous baigner dans ses eaux transparentes tout en jetant un oeil sur le Burj Al Arab, le seul hôtel au monde proclamé 7 étoiles ; ou encore sur les célébres archipels d'îles artificielles que sont The World représentant ... le monde, et Palm Jumeirah, en forme ... de palmier. Si les eaux transparentes sont d'un bleu limpide, quelques mini-méduses pourraient cependant vous faire frôler la mort.. ou presque... ou pas, en fait.

Malgré ces réalisations toutes plus incroyables les unes que les autres, de projets Dubaï n'en manque pas. Une tour encore plus haute, et pour faire court, tout en toujours plus. Cette expansion démesurée s'est accompagnée d'une évolution démographique peut être, elle aussi, unique au monde puisqu'en 50 ans la population a été multipliée ... par 50. Même sans douter des capacités reproductives des émiratis, c'est bien l'immigration qui a permis à Dubaï de tenir ce cap. Logiquement son développement en est marqué. Malgré une réglementation stricte issue de valeurs portées notamment par sa culture traditionnelle musulmane, force est de constater que les lieux de vie, restos, et bars sont nombreux et n'ont rien à envier aux standards occidentaux. Derrière les portes de ces bars aux accès limités et très contrôlés, la musique raisonne, l'alcool coule à flot et les corps peu vêtus se déhanchent aux sons des DJ les plus connus ... Light, Sound and Beer. 

Indéniablement, cette facette du tourisme à Dubaï est la plus connue. Pour autant elle n'est pas unique et à mon étonnement d'ailleurs, Dubaï a aussi une face cachée, une face qu'elle protège, une face bien plus traditionnelle qui ne se laisse découvrir qu'en acceptant de mettre de côté tout ce que vous venez de lire.

Dubaï traditionnelle, Dubaï authentique, ce sont des quartiers historiques où les habitations typiques et les souks ont su résister à la colonisation toute puissante des buildings. Les images de ces quartiers sont bien plus attendues et familières dans certains pays du Maghreb par exemple, qu'en plein coeur de Dubaï. On y découvre alors les souks des épices, des tissus, ou bien encore ... de l'or.

Dubaï traditionnelle, Dubaï authentique, ce sont les abra, des bateaux-taxi en bois, qui vous font traverser d'une berge à l'autre de la Dubaï Creek.

Dubaï traditionnelle, Dubaï authentique, c'est aussi déjeuner au son de l'appel à la prière qui s'échappe des mosquées et qui résonne dans les petites ruelles sinueuses des vieux quartiers.

Dubaï traditionnelle, Dubaï authentique, Dubaï fière représentante des traditions du monde arabe.

Oman, terre d'aventure pour un triptyque désert, wadi et canyon.

La seconde phase de ce séjour au Moyen-Orient se concrétise dès le passage de la frontière entre les EAU et Oman. Les barrières se lèvent et marquent la suite d'un roadtrip qui, bien que savamment travaillé, nous apportera bien plus que tout ce que nous en attendions.

Etape 1 : Sawadi et nuit sur la plage

Les premiers kilomètres nous permettent de goûter à la diversité des parcours, des routes et des terrains que nous allons traverser. A peine sortis de Dubaï, la route commence à se dérober sous un sable qui la recouvre délicatement. Puis rapidement, la route laisse place aux premiers chemins rocailleux qui nous conduisent sur des plages. Filer sur le sable à quelques mètres de l'eau nous permettra de commencer à s'imprégner de la sérénité qui marquera tout ce périple. 

Après quelques heures de route le 1er objectif, l'arrivée à Mascate, capitale du Sultanat, doit déjà être abandonné. Notre avancée est ralentie par rapport aux prévisions, et c'est la plage de Sawadi qui nous accueille pour notre 1ère soirée et notre 1ère nuit au milieu de nulle part.

Il est l'heure de sortir les tentes, de monter le campement, et d'ouvrir les bouteilles d'eau pour se laver. Une douche avec 1,5L d'eau froide : le challenge est relevé ! Sable, steppe, et horizon sur le golfe d'Oman comme vue avant de fermer les yeux, et cette 1ère nuit de baroudeur au Moyen-Orient nous fait pousser des ailes.

Etape 2 : bleu, blanc, vert dans les gorges du Wadi Bani Khalid.

Une eau émeraude et transparente, un ciel azur et éclatant, une roche blanche et éblouissante, des palmiers verdoyants : voici les wadi d'Oman, sorte d'oasis sortis tout droit d'une bande dessinée tant ces quelques mètres carrés sont luxuriants. Bienvenue au coeur d'une oued resplendissante en total contraste avec la minéralité et la nature hostile de l'environnement découvert jusqu'à présent. 

Alors que nous nous habituions à voir jusqu'ici de petits villages encaissés dans des vallées rocailleuses sans la moindre pousse de verdure, nous découvrons cette petite perle aquatique dans laquelle nous nous empressons d'aller tremper. Dans ces eaux parfois tumultueuses et pour votre sécurité, une bouée est à votre disposition. Nous rencontrons pour la première fois une poignée de touristes aux abords directs de l'entrée du wadi. Quelques dizaines de mètres nous permettent de rapidement s'en détacher et de déambuler, marchant, nageant, seuls au milieu de ces gorges d'un dénivelé de plusieurs dizaines de mètres. C'est ici que nous rencontrons un jeune omanais qui nous oriente vers le coeur des gorges pour une expérience inédite qui nous fera les découvrir dans ce qu'elles ont peut être de plus intime.

Il nous conduit jusqu'à l'entrée de la grotte du wadi. C'est une cavité au bout de laquelle une source naturelle d'eau chaude nous attend. Aucun de nous n'a la moindre notion de spéléo mais nous y pénétrons sans réelle hésitation, même lorsque notre jeune guide nous propose de nous accompagner à la seule lueur de la lampe torche de son téléphone. C'est ainsi que sans réelle lumière ou presque pour nous guider mais confiants en notre 1er de cordée, nous marchons, nous nous faufilons, nous rampons suivant la luciole qui nous conduit vers la source. C'est parfois dans des couloirs frêles et étriqués de moins d'un mètre de hauteur qu'il nous faut progresser. Au fur et à mesure de la descente dans ces galeries exiguës, la température monte. Incontestablement nous nous rapprochons du centre de la terre, pour les moins objectifs d'entre nous en tout cas. Après avoir pataugé quelques instants, la cordée entame puis achève sa remontée jusqu'à l'entrée de la grotte. Retour dans les eaux douces du wadi avant de nous orienter vers la 3ème étape beaucoup moins safe.

Etape 3 : désert et nuit sous les orages dans les Wahiba Sands

Si les 2 premières étapes de notre découverte d'Oman sont relativement tranquilles, cette 3ème nous réserve quelques surprises. Les roues de notre Fortuner dégustent à peine les premiers grains de sable du désert d'Oman, que nous filons à la tombée de la nuit et par des pistes à peine dessinées, vers l'inconnu.

Trois arbres repérés formeront un lieu idéal pour notre campement. Ils nous protègeront ainsi des éventuels pilotes nocturnes adeptes du dune bashing : rodéo sauvage en 4x4 en plein coeur des montagnes de sable. La nuit recouvre les dunes, désormais il fait froid. Et c'est à la lumière des premières éclairs de l'orage qui s'annonce que nous nous apprêtons à passer une nuit qui n'en portera que le nom. Le vent d'abord, la pluie ensuite. Cette dernière infirmera l'hypothèse de l'orage sec tant espéré. Nous découvrons un tout autre visage de ce que nous nous attendions du désert. 23h, minuit, 2h, 4h, personne ne dort au milieu du désert où les éléments se déchainent. Notre survivor de l'équipe, mieux équipé, sera le seul à pouvoir rejoindre le campement devenu impraticable pour les autres. Il est 4h et nous sommes résignés à finir la nuit dans le 4x4. Les premiers rayons du soleil font leur apparition à la 5ème heure de cette journée et gomment cette nuit de labeur. Les dunes hypnotisantes se découvrent dans un silence complet. Le temps est suspendu.

Qu'il est difficile d'en repartir, mais la promesse du Jebel Shams nous permet de démarrer.

Etape 4 : 1 000 mètres de vide dans le canyon de Jebel Shams.

C'est au bout d'une longue route sinueuse, escarpée et incertaine que s'offre à nous le canyon de Jebel Shams et ses 3000 mètres d'altitude.

Même si les sentiers sont balisés, la conduite se doit d'y être prudente et attentive pour éviter toute difficulté. L'approche de la falaise abrupte, taillée à la serpe, procure ses premiers effets pour le(s) moins téméraire(s), ou le(s) plus prudent(s). A l'approche du bord ce ne sont pas moins de 1 000 mètres de vide qui laissent à peine entrevoir les quelques bâtisses du fond de la vallée. 

Forts et téméraires, c'est à quelques mètres du bord du précipice que nous décidons de venir installer notre campement pour la dernière nuit en terre omanaise. Une boite de thon à l'huile en guise de réchaud et notre ultime tournée de noodle fait briller dans nos yeux les étoiles, que par la faute à un temps nuageux, nous ne verrons pas au crépuscule.

Le réveil nous permet de constater que personne de l'équipe n'a été chercher les toilettes 1 000 mètres plus bas. Le campement se range et nous reprenons la direction des Emirats voisins.

 

Incontestablement, ces quelques jours ont été bien trop courts pour découvrir l'hétérogénéité de ces deux territoires si opposés du Moyen-Orient que sont Dubaï et Oman. Le premier mérite qu'on se détache de l'image qu'il se plait à présenter pour découvrir un émirat moins clinquant. Le second quant à lui, se doit de rester vigilant pour demeurer ce pays authentique et sincère. Ils nous ont convaincu de l'intérêt à continuer de découvrir cette région plus en profondeur. Il convient cependant de garder en tête que les EAU et Oman ne représentent pas à eux seuls le Moyen-Orient, en ce qu'ils jouissent d'une stabilité que de nombreux de leurs voisins leur envie. Ils restent préservés au sein de cette zone du globe si mutilée et abimée, à vif des conflits que chacun d'entre nous garde à l'esprit. Ainsi, le Moyen-Orient ne se synthétise pas. Il ne se résume pas non plus. Il se découvre dans sa variété et ses différences.

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