Je mail, je like, je tweet, je post, je follow, je surf, je tchat, je snap. Autant d'interactions sociales qui permettent
de rester en contact et de partager avec ses friends, ses followers, ses contacts ou ses abonnés. Heureusement, notre civilisation n'est pas perdue ... ! Quand nous voulons
partager un moment en tête à tête ... il y a skype. Exagéré ? À peine, si peu. L'existence même de ces nouveaux termes démontre s'il était nécessaire à quel point nos comportements ont été
bouleversés en si peu de temps. D'où cette tendance émergente : tout déconnecter (ou presque) pour tenter d'apprendre à reconnecter avec la vie 1.0.

Avertissement : cet article est susceptible d'altérer votre compréhension du monde si vous avez plus de 30
ans et/ou que vous possédez un Nokia 3310. En cas de difficulté majeure dans la compréhension de ces éléments, veuillez si possible tenter de remplacer, chaque mot en italique par son équivalent
en français.
Accro ?
Au début conçus pour faciliter la communication et en diversifier les modes, ces outils numériques et leurs périphériques associés sont devenus de véritables produits addictifs, de véritables
drogues dont les accrocs sont appelés les "nomophobes" pour "no mobile-phone phobia". Parallèlement, la peur de louper une info, un event, un post, a également trouvé
consistance autour du terme "FOMO" pour "fear of missing out". Plus généralement, c'est bien la peur de ne pas être connecté en tout temps et en tout lieu que ces nouveaux termes
définissent. Les smartphones et autres tablettes nous permettent, ou nous poussent inconsciemment, à être connectés à Internet en permanence, partout. Déconnecter ? Jamais, nul part. Être
unplug ? Auriez-vous perdu la raison ?!
Serviles utilisateurs de ces services et applications qu'Internet nous a offert et que nous nous sommes greffé à l'extrémité du pouce, nous dégainons notre smartphone par réflexe, sans vraiment
le choisir, sans vraiment le vouloir, et simplement parce que nous nous trouvons dans un temps d'inactivité si court soit-il.
Alors accro ? Probablement un peu. En réalité ... beaucoup, passionnément, excessivement. Guetter la prochaine notif', le prochain like, checker le nouveau message ou plutôt
celui qu'on aimerait recevoir, chacun de ces comportements peut donc être caractérisé comme la manifestation d'une addiction plus ou moins prononcée en fonction, du jour, de l'heure et du niveau
de ma batterie.
À quoi ? À qui ?
Alors accro à quoi, à qui ? Au monde 2.0 où l'instantanéité de l'information rend immédiatement obsolète ce que nous venons de lire, à la dernière appli tendance qui permet de rester in,
à ce pouvoir qu'ont les réseaux sociaux de satisfaire ses pulsions exhibitionnistes et ses penchants voyeuristes, ou encore à la jouissance produite par le décompte des like qui
s'accumulent. Excessif ? Êtes vous sûr ? Ces like, ces retweet, ces partages, autant d'indicateurs qui permettent de mesurer combien ceux qu'on apprécie et les autres,
s'intéressent ou ne s'intéressent pas à nous. L'intérêt que l'on nous porte s'apparente alors à un pouce levé tel celui brandi pour gracier les gladiateurs valeureux. Un pouce se lève, des pouces
se lèvent, et la journée n'est pas vaine.
Pourquoi déconnecter ?
Consommation réflexe, systématique et boulimique, voir quasi irrépressible d'Internet et des réseaux sociaux ; surenchère collective d'étalage d'informations toutes plus actualisées les unes que les autres ; voilà en quelques mots les raisons qui me poussent à déconnecter. Les détracteurs crieront à la lubie bobo. Peut-être auront-ils raison. Sûrement d'ailleurs. Il est vrai qu'après avoir acheté une chemise avec des boutons en bois et fait pousser des tomates sur le balcon, je m'apprête à tester la digital détox. J'ai envie de voir les réactions que cela va générer chez moi. Bouleverser ces comportements devenus routiniers pour retrouver des habitudes perdues, chassées par mon smartphone en suractivité.
Ce sera probablement déstabilisant au début mais comme le dit si bien un illustre penseur contemporain ... "c'est le tarif" ! Le tarif pour décrocher du dernier tweet buzzifiant qui en réalité, et je dois l'admettre, m'est bien égal. Le tarif pour décrocher du dernier post inintéressant de ma timeline. Le tarif pour tenter de rompre avec ce gavage d'informations dont je n'ai que faire, et cette instantanéité phagocytrice de temps aujourd'hui gaspillé. Enfin, le tarif pour retrouver le temps de faire ce dont j'ai (vraiment) envie et apprendre à utiliser tout ceci de façon plus raisonnée. Au final, et j'en suis d'ores et déjà certain, quel plaisir !
Déconnexion 30 jours.
Un mois ce n'est pas grand chose après tout. Ce n'est ni plus que 30 jours ... 720 heures ... 43 200 minutes ... 2 592 000 secondes ; ni moins par ailleurs. Quand même. Toutefois, je suis impatient de me lancer dans cette démarche qui, certes si elle n'est pas singulière (1), demandera adaptation et volonté dans la mesure où cette hyperconnexion est quasiment devenue une norme sociale. Aussi, je redoute de devoir "lutter" pour réussir à m'en passer et de n'y arriver que difficilement, tout simplement parce que tout ceci fait parti de mon quotidien et de mes habitudes. Je n'exclue donc pas de connaître une sorte de manque, tel le toxico en période de sevrage. Je suis également interrogatif de savoir comment je vais occuper mes 3 heures de transport quotidien sans avoir le nez accroché à mon écran.
Enfin et surtout, il me faut aussi l'avouer, j'appréhende à l'idée de louper tout ce que vous ferez sur le net sans moi.
Nous sommes le 26 août 2015 et je débranche.
(1) Pour avoir quelques infos :
Pierre-Olivier LABBÉ, Digital detox, Canal +, diffusé le 25/02/2015
Catherine ROLLOT, Le jeûne des hyperconnectés, Le Monde, 10/03/2015
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